L'humilité de ceux qui font
Je me suis permis de demander à un ami qui cultive son jardin depuis toujours de nous faire un résumé de son travail de jardinage, ainsi que des résultats. P. et J. M. tirent autour de 80 à 85% de leurs besoins en nourriture de leur potager et de leur micro-élevage. A l'ancienne.
Je mets ci-dessous le texte accompagnant un magnifique tableau de culture. On remarquera que ceux qui font sont fiers de leur travail, mais savent rester humbles. Ils ne sont pas ces quasi-débutants qu'on voit s'étaler sur Youtube à se vanter de la moindre rangée de carottes, même pas d'un niveau amateur, mais grands gueules professionnels depuis longtemps. Non, ceux qui font ce sont ceux qui font en silence, pour le plaisir de faire, ou par nécessité de ne pas dépendre d'une société qui ne connait plus qu'un seul geste, celui de la carte bancaire à insérer dans une fente.
Il faut apprendre à regarder ces gens de nos campagnes qui continuent à reproduire des gestes simples, maintenant presque oubliés à force de vouloir tout rendre compliqué, ou à force de trouver que "le supermarché" est le seul mode de vie possible. Il faut les regarder avec humilité, la même humilité qu'eux pratiquent dans leur quotidien. Il faut les regarder pour apprendre et il faut leur poser des questions pour avoir la chance de la transmission d'un savoir vital: celui de se nourrir par ses propres moyens.
Voici donc le texte:
"Parmi une multitude de façons de jardiner, voici la nôtre sur ce terrain depuis 35 ans
- Auprès de la maison, une parcelle de 50m x 50m jamais cultivée auparavant et toujours laissée en prairie avec seulement 30/40cm de terre sur un massif de granite. 2h de travail par jour toute l’année sont nécessaires pour subvenir à notre consommation en fruits et légumes + la nourriture de la basse coure, qui elle, en achetant en complément de 300kg de foin et 900kg de blé(pris en direct chez l’agriculteur) nous fournit la viande blanche et les œufs toute l’année.
- Les récoltes ne sont jamais exceptionnelles car il faudrait beaucoup d’eau de mai à octobre (terrain très sec), mais suffisantes vu la surface utilisée
- Nous utilisons le fumier de la basse coure pour fertiliser sur 1 moitié et des feuilles mortes, tiges de topinambours, tiges de maïs, cendres et branches de chrysanthème sur l’autre moitié
- La parcelle est labourée début mars quand la récolte des choux fourrager est finie.
- Les plants sont fait en godets ou en bacs: salade, choux, tomates, courgettes, aubergines, poireaux, en général avec des plants laissés à graines dans le jardin
- Pour un gain de temps les rangs sont espacé de 75cm (largeur du motoculteur)
- Traitements à la bouillie bordelaise, savon noire, cendres, chaux vive etc
- Les traitements chimiques ne sont pas utilisés mais le seraient si une récolte était en perdition.
- l’alcool issu de la macération des fruits est utilisé pour faire des apéritifs et des digestifs
Nous avons copié les mêmes gestes que nos parents, grand parents, voisins faisaient chaque jour pour avoir des vrais produits à manger dans l’assiettes tous les jours ."
Et voici le tableau de culture, avec des informations sur le niveau de difficulté, de pénibilité et de surveillance. Une petite mine d'or qui vont bien des bouquins.